dimanche 1 décembre 2024

Vous ne portez peut-être pas le nom de votre ancêtre!



Vous vous appelez Languedoc, Sanschagrin, Laframboise ou Saint-Jean? Il y a de fortes chances que votre ancêtre ne portait pas ce nom-là!


Au Québec beaucoup de gens portent aujourd’hui un patronyme différent de celui de leur ancêtre. Ils ont pour nom de famille le surnom de ce dernier ou bien celui porté par un de ses descendants. Certains noms portés par les premiers migrants ont d’ailleurs complètement disparu après avoir été remplacés au fil des ans par le surnom qui leur était respectivement associé.


Une bonne partie de ces surnoms ont été portés par des militaires qui constituent à l'époque le troisième groupe le plus important de migrants après les engagés et les Filles du roi. Dans l’armée, un officier attribuait un nom de guerre, ou surnom, à chaque recrue. Les soldats établis au Canada, alors colonie de la Nouvelle-France, provenaient, selon les époques, du régiment de Carignan-Salières arrivé en 1665, des Compagnies franches de la Marine qui étaient chargées de protéger la colonie dès 1683 et enfin des régiments d’infanterie venus combattre les Anglais lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763).


Dans certaines familles, les surnoms sont apparus tardivement afin de distinguer les lignées. Ainsi, les descendants des Lefebvre de la Baie-du-Febvre portent entre autres les patronymes Descôteaux, Labbé ou Laciseraie. Quant à ceux de Paul Hus, ils s’appellent notamment Beauchemin, Capistran, Cournoyer, Latraverse, Lemoine, Millet, Paul, Paulet ou même Paulhus. Attention, à l’inverse, tous les Lemoine ne descendent pas de Paul Hus et tous les Laframboise ne partagent pas le même ancêtre.


Il n’est pas toujours évident de savoir pourquoi tel surnom plutôt qu’un autre a été attribué à un ancêtre. Dans quelques cas, le surnom reprend le patronyme de l’aïeule, citons notamment les Bélisle dit Levasseur, les Lemire dit Marsolet et les Morand dit Grimard. Il arrive aussi qu'il résulte de la contraction des prénom et nom, comme Castonguay (Gaston Guay), Louiseize (Louis Seize) ou Paulhus (Paul Hus). Pour ce qui est des familles seigneuriales, le surnom représente le nom d’un fief ou d’une seigneurie, par exemple les Boucher de Montbrun ou encore les Noël de Tilly.


Les surnoms les plus courants reprennent souvent tout simplement le prénom de l’ancêtre. Germain Gauthier est dit St-Germain. Il peut aussi révéler son origine de manière plus ou moins précise, comme par exemple L’allemand, Langevin, Lyonnais ou Montauban. Le surnom se rapporte parfois au métier que pratique l’ancêtre, tel que Lalancette pour un chirurgien ou Lalime pour les fondeurs ou les serruriers. Il n'est pas rare qu'il décrive une caractéristique physique ou morale, comme Legros, Latendresse, Sansregret, Lespérance. Enfin, dans l’armée on attribuait également des noms de plantes ou de fleurs comme surnom, tel que Latulipe, Larose, Lafleur, ainsi de suite.


Pour terminer, certains surnoms, qu’on retrouve chez nos ancêtres militaires, sont disons plutôt cocasses. En voici quelques exemples: Baisela, Vivelamour, Prêtàboire, Vadeboncoeur, Tranchemontagne, Passepartout ou Laterreur.




Sources


Jetté, René et Micheline Lécuyer. Répertoire des noms de famille du Québec des origines à 1825, éd. SGCF, Montréal, 201 p.
Jetté, René. Traité de généaloggie, Les Presses de l'Université de Montréal, Montréal, 1991. 716 p. (ouvrage épuisé)


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