mardi 25 mars 2025

Le fait alternatif en généalogie

 Le fait alternatif en généalogie: quand l’erreur devient la norme

Une fois les faits généalogiques établis, j’aime bien rassembler des informations d’ordre biographique au sujet de mes ancêtres. Ces données proviennent habituellement des recensements et des contrats entérinés devant notaire. J’ai également pris l’habitude de vérifier les archives judiciaires afin de savoir si mes ancêtres n’auraient pas poursuivi un voisin pour une chicane de clôture, ou même, eu des démêlés avec la justice. 


Un jour, j’ai entrepris de fouiller l’histoire de l’ancêtre patronymique de ma grand-mère paternelle, Michel Dubuc, et l’épouse de ce dernier, Marie Beaudoin. C’est fouillant dans les outils de référence mis à la disposition des généalogistes que j’ai amassé diverses informations à leur sujet. Et même si la plupart du temps je consulte des sources fiables, je vais toujours vérifier l’information recueillie dans les documents manuscrits originaux. Personne n’a la science infuse. Même les experts.


Avant d’aller plus loin, voici quelques données au sujet de ce couple. Michel Dubuc et Marie Beaudoin se sont épousés le 2 juillet 1667 à Dieppe. Michel est arrivé seul en Nouvelle-France à l’automne cette même année comme engagé. Marie Beaudoin viendra le rejoindre vers 1682 et donnera naissance à Michel, seul enfant du couple, en novembre 1683. Pour plus d’informations à leur sujet, vous pouvez consulter un article, que j’ai écrit, paru dans la revue Mémoires de la Société généalogique canadienne-française au printemps 2010.


Plusieurs sources consultées mentionnaient que Marie Beaudoin était une sage-femme sans donner de référence pour cette information. J’ai donc entrepris de retrouver un document prouvant cette affirmation. J’ai commencé par les index de collections telles que le Rapport de l’archiviste de la province de Québec, le Bulletin des recherches historiques et le Cahier des Dix. Rien.


C’est en consultant l’index des Jugements et délibérations du Conseil souverain que je trouve une certaine Marie Baudin. Je note la variante orthographique du patronyme, mais en généalogie, nous en avons l’habitude. L’index me réfère au volume VI, page 900. Cette collection est constituée de plusieurs volumes renfermant une transcription dactylographiée des actes originaux. À la page 900, on peut y lire «… Marie Baudin, sage-femme …». J’ai enfin trouvé.


Mais je ne m’arrête pas là. Je veux consulter le manuscrit et ensuite, si possible, en obtenir une version numérique pour documenter et illustrer cet aspect de la vie de mon ancêtre. Ne sautons pas aux conclusions trop rapidement car rien ne prouve encore qu’il s’agit de l’épouse de Dubuc. Je recherche donc l’extrait mentionnant la sage-femme dans le document original. Quelle ne fut pas ma surprise! J’y lis clairement « … Marie Liardin sage-femme …»!


En entrant «Liardin» comme mot-clé dans Pistard, moteur de recherche des archives en ligne de BAnQ, je retrouve des documents dans lesquels est mentionnée Marie Liardin, sage-femme, qui est l’épouse de Pierre L’Ancougnier dit Lacroix. Lorsque j’y recherche une Marie Beaudoin sage-femme, je n’obtiens aucun résultat. Il s’agissait donc d’une erreur de lecture.


Des erreurs comme celle-ci ne sont pas rares. Parce que retrouvées dans des sources ou des sites web réputés fiables, les informations erronées donnent l’impression d’avoir été documentées. Mais au contraire, ces données sans référence n’ont vraisemblablement jamais été vérifiées à la source originale. Résultat: l’erreur devient tranquillement la norme.


Et voilà, le fait alternatif généalogique est né.


Sources

BAnQ, Fonds Conseil souverains, Jugements et délibérations, Registre de matières civiles no 14 des arrêts, jugements et délibérations du Conseil supérieur de Québec de la Nouvelle-France . - 16 avril 1703 au 1er décembre 1705.


Jugements et délibérations du Conseil supérieur de Québec / publiés sous les auspices de la Législature de Québec, [Québec : s.n.], 1885, 1155 pages.


samedi 15 mars 2025

Retracer l'origine d'un ancêtre italien

La première chose que l’on fait en généalogie, c’est de remonter jusqu’au premier migrant qui porte notre nom. Lorsque l'on a réussi du côté paternel, l’étape suivante consiste à entreprendre le côté maternel. En ce qui concernait la famille de ma mère, nous pouvions remonter au premier migrant d’origine italienne, mais comme nous ne connaissions pas son lieu de naissance, il nous était impossible de poursuivre les recherches plus loin.


Même si le lieu d’origine d’un ancêtre ne nous a pas été transmis, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas moyen de le trouver. Au Québec, le premier réflexe, c’est de consulter les registres paroissiaux. L’acte de mariage donne habituellement un lieu d’origine pour les migrants à prendre en note. Mais il s’agit souvent d’un lieu imprécis tel qu’un diocèse, une province ou une région. En revanche, si le migrant a passé un contrat de mariage chez un notaire, on trouvera souvent un lieu plus précis que celui mentionné dans le registre paroissial.

Ensuite, il est intéressant de consulter les recensements de la population. On y mentionne habituellement le pays d’origine des migrants. Toutefois, au recensement fédéral de 1861, le lieu de naissance est précisé. Il faut bien sûr que votre ancêtre soit déjà arrivé au pays pour y figurer. Sur certains recensements, l’année d’immigration est mentionnée. Il s’agit d’une donnée intéressante à noter.


Nous conseillons, comme troisième source, de consulter les listes de passagers. Elles peuvent nous fournir des informations très précieuses, surtout pour les migrants ayant quitté leur pays au tournant du XXe siècle. Elles fourniront le nom de leur plus proche parent resté dans leur pays d’origine, leur commune ou village d’origine et leur destination finale. Plusieurs migrants sont passés par les États-Unis pour venir au Canada. Il est alors indiqué qu’ils sont en transit. Enfin, les déclarations faites aux douaniers lors du passage de la frontière peuvent aussi révéler des informations utiles au chercheur.


Il est important de bien noter ce que vous trouvez comme information sous forme de tableau en y indiquant le lieu tel qu’inscrit dans le document, le type de document et la référence de la source consultée.


Vous avez tout noté et trouvé le nom d’un lieu qui revient sur presque tous les documents. Vous croyez enfin tenir le nom du lieu d’origine de votre ancêtre? Pas nécessairement. Si votre ancêtre a fourni le nom du chef-lieu de sa province, il faudra continuer à chercher un lieu plus précis. Si, par contre, il a donné le nom de la commune de laquelle dépend son village d’origine, vous pourrez poursuivre vos recherches dans les registres d’État civil, si vous comprenez l’italien. Le meilleur site pour le faire est le portail des Archives de l'état civil italien Antenati ou Portail Ancêtres en français.