Une des variations les plus souvent rencontrées dans les registres se rapporte au prénom de nos ancêtres. Prenons par exemple le couple Louis Trudeau, veuf, et Pauline Quintin, mineure, mariés à la paroisse Sainte-Anne de Varennes le 30 octobre 1815. Pour compléter les informations au sujet de Pauline, fille de Louis Quintin et de Marie Amable Pilet, nous cherchons son acte de baptême. Nous la trouvons au registre de la paroisse Sainte-Famille de Boucherville le 27 janvier 1795 sous le prénom d’Hyppolite. En 1881 lorsqu’elle décède, c’est sous celui d’Apolline qu'elle sera inscrite, à Longueuil cette fois.
Certains prénoms sont plus susceptibles de varier que d’autres. D’emblée, nous viennent à l’esprit tous ceux qui sont composés. Jean-Baptiste se voit souvent ramené à Jean ou bien Baptiste. D’autres subissent davantage de transformations; par exemple, Marie Josèphe devenant parfois Josephte ou encore Archange changeant en Désanges. Rose a possiblement été baptisée Rose de Lima, mais pouvait également opter pour Délima comme prénom usuel. Que dire de toutes ces Louise, renommées Angélique? Je n’arrive toutefois pas à expliquer comment une de mes ancêtres, Euphrosine Richard, a pu avoir été baptisée Zozime!
Quant aux noms de famille, nous avons déjà abordé la question des surnoms qui leur sont associés dans un précédent article. Il faut savoir qu’il est courant qu’un individu se marie en utilisant son patronyme et soit plutôt enregistré sous son surnom à son décès. Ainsi, Joseph Pascal, l’époux d’Euphrosine Richard, mentionnée plus haut, décède sous le nom de Joseph Comtois.
En outre, deux individus issus d’une même lignée pouvaient être connus sous deux patronymes différents. Jules-Isaïe Benoit dit Livernois naît à Longueuil en 1830. Il est le seul de sa fratrie à recevoir les deux noms de famille. Par exemple, sa soeur Domithilde Benoit, mon aïeule, n’a jamais été identifiée sous le surnom Livernois. Et pourtant, le fils de Jules-Isaie Benoit, Jules-Ernest, photographe de Québec, n’est connu que sous le nom de Livernois.
Une variation moins fréquemment relevée dans les registres est celle de la féminisation des noms de famille. Notamment, il arrive parfois que le patronyme Lauzier devienne Lauzière au baptême d’une fille. Il en va de même pour Charet qui mute en Charette. Un des plus beaux cas trouvés à ce jour est celui d’une fille d’un monsieur Roy baptisée Marie … Reine! Dire que certains chercheurs ont cru que son nom de famille avait été omis dans l’acte!
Enfin, certains de nos ancêtres peuvent être originaires d’autres pays que la France. Dans le but de mieux s’intégrer à la société d’accueil, ils ont tout simplement adapté ou traduit leur nom de famille. Ainsi, le patronyme Taylor est parfois devenu Tallard, Da Prato a changé en Depratte, Marone a été traduit par Lebrun, ou encore Deigne ou Degme s’est transformé en Daigle.
Quand vous lisez un acte de mariage dans lequel le nom d’un même individu est orthographié de trois manières différentes, vous ne pouvez que conclure à l’absence de norme en cette matière. En généalogie, lorsqu’on recherche des familles canadiennes-françaises, il faut faire preuve de rigueur, certes, mais en gardant l’esprit ouvert.