samedi 22 février 2025

Retrouver le trésor familial chez des cousins éloignés

Joseph Galaise 1795 - 1881.
Depuis toute petite, j’adore regarder les photos. Mon père sortait parfois les vieux albums de sa mère qui consistaient en plusieurs feuilles de carton noir et où les photos tenaient grâce à de petits coins dans lesquels elles étaient insérées. À d’autres occasions, il me montrait des photos de la famille de son père, moins nombreuses celles-là, dont certaines de couleur sépia. Sur l’une d’elles, je pouvais voir mon arrière-grand-père assis sur un cheval-jouet entouré de ses parents, d’un frère et d’une soeur.


Lorsque beaucoup plus tard, j’ai voulu créer un livre sur l’histoire de la famille de mon père, j’ai tout de suite eu l’idée de l’agrémenter de photos. Mais ma collection était nettement insuffisante. J’ai donc entrepris de contacter des cousins éloignés pour documenter la vie des membres de leur lignée.


J’ai commencé par approcher la soeur cadette de cet arrière-grand-père que je n’ai jamais connu. Lorsque je suis allée la rencontrer, Jeannette était déjà très âgée et n’avait plus toute sa mémoire. Mais elle se souvenait fort bien de son frère aîné et m’a raconté plein d’anecdotes à son sujet. Jeannette n’avait plus ses photos de famille, car elle avait déjà transmis ce patrimoine à l'un de ses fils, Jacques, avec qui j'ai pris rendez-vous. Dans sa collection, j’ai déniché quelques photos du père de Jeannette, mon arrière-arrière-grand-père, mais aussi quantité de clichés sur lesquels apparaissaient les frères et soeurs de Jeannette à divers moments de leur vie.


Plus tard, au cours de mes recherches, j’ai pris contact avec une cousine éloignée — à peine plus âgée que moi — dont l'un des ancêtres était un frère de mon arrière-arrière-grand-père. Antoine s’était installé au Vermont. Un de ses fils, duquel cette cousine descendait, était revenu vivre au Québec. J’ai donc rencontré cette lointaine parente chez elle. Elle m’a fait visiter son appartement en terminant par son bureau. Là, au mur, étaient accrochées les photos du père, de la mère et de presque tous les frères et les soeurs de mon arrière-arrière-grand-père. Je ne peux vous cacher que ce fut un choc pour moi. 


En quelques semaines, j’avais réussi à rassembler les photos de trois générations de Galaise. J’avais de quoi documenter mon ouvrage sur la famille. J’avais tout de même envie de poursuivre ma quête. Pour cela, il faudrait que je fouille du côté de Plattsburgh et d’Albany dans l’État de New York afin d’y retrouver les descendants de l’arrière-grand-père de mon arrière-grand-père qui s’y était établi au milieu du XIXe siècle, et d'y recueillir du matériel sur leur lignée respective. À ce moment-là, j’étais à des années-lumière d’imaginer ce que j’allais découvrir.

Avant de publier le livre sur l’histoire de la famille, il me restait encore de la recherche à faire. Cette fois, je me suis dirigée aux archives de l’État de New York, à Albany, où j’ai passé une semaine. Je souhaitais savoir où les descendants de mon quatrième arrière grand-père s’étaient installés après avoir quitté Plattsburgh.

Et bien, je les ai retrouvés justement dans la région d’Albany, soit à Cohoes, Waterford et Schenectady. Un des demi-frères de mon arrière-arrière-arrière grand-père, Hilaire Galaise, avait choisi de s’installer à Saratoga Springs. Son épouse et lui ont eu 10 enfants dont seulement 3 ont eu un destin. Tous les autres sont décédés en bas âges. 


La cadette, Ernestine, est allée vivre du côté d’Albany et s’y est mariée, perdant ainsi son nom de jeune fille. J’ai tout de même continué à suivre cette famille en regardant sous le nom du mari dans l’annuaire, qui à l’époque était disponible sur les tablette de la bibliothèque en libre service. Lorsque leurs enfants, trois filles, ont été en âge de travailler, elles figuraient également dans l’annuaire. J’ai même pu trouver la date de mariage de l’une d’elle grâce à l’annuaire qui précisait, cette année-là, soit en 1952, de la rechercher sous le nom de son mari. 


Mais ma source s’est ensuite tari. Les annuaires des années plus récentes ne se trouvaient pas sur les tablettes. De retour à l’hôtel, une idée un peu folle m’a traversé l’esprit. Et si cette dame était encore vivante et habitait encore à Albany? Ma tête me disait que j’avais peu de chance de la retrouver cinquante ans plus tard. Je le feuillette quand même et j’y trouve une entrée qui pourrait correspondre, soit un homonyme du mari de cette lointaine cousine.


Prenant mon courage à deux mains, je décroche le téléphone et je compose ce numéro. Bingo! Lorraine s’empresse de m’inviter à prendre le café. Elle a des photos à me montrer et veut en savoir plus sur l’histoire de la famille. Dans l’intervalle, elle communique avec ses soeurs et sa fille. J’ai droit à une réunion de famille.


Nous nous sommes installés pour regarder la collection de photos bien rangées dans des albums en carton noir qu’Ernestine avait pris soin d’identifier au crayon blanc. Oncles, tantes, cousins et cousines, tous y étaient. Après un moment, Lorraine me montre une photo en particulier en me disant que l’homme qu’on y voyait était le grand-père d’Ernestine, Joseph Galaise. Je me souviens très bien de répondre à Lorraine que c’était impossible. Cet homme était né en 1795 après tout. Mais il est décédé en 1881. Ernestine ne pouvait s’être trompée sur l’identité de son grand-père. Il n’y avait plus de doute possible. Je ne peux vous décrire l’émotion que j’ai alors ressentie. Je tenais dans mes mains la photo de Joseph, mon 4e arrière grand-père. 


Je pouvais maintenant publier mon livre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire